La
Belle et la belle (Sophie Fillières, 2017)
C'est
la première fois que je vois un film de Sophie Fillières, c'est
donc son meilleur film. Le fantastique qu'elle déploie, une femme de
20 ans rencontre son double de 45 ans et vice-versa, rappelle par
certains aspects Camille redouble de Noémie Lvovsky et,
pourquoi pas, Retour vers le futur. L'aînée des deux Margaux
apprend à elle-même qu'elle sera son avenir ou son futur proche
dans une forme molle sans se soucier d'éventuelles failles
spatio-temporelles. Melvil Poupaud, éternellement jeune, fait le
lien entre les deux femmes. Dans cette bataille d'actrices, Sandrine
Kiberlain s'en sort merveilleusement lors des déraillements du
récit, de la répétition du même motif, de l'histoire qui bégaie
(la répétition dans les titres des films de la cinéaste est un
leitmotiv), en gros dès qu'elle peut sortir du postulat passé /
présent (la chanson en mandarin par exemple).
The
Disaster artist (James Franco, 2017)
Tourné
30 ans plus tôt, il aurait possible de croire que ce récit était
un faux documentaire dans la lignée de This is Spinal Tap de
Rob Reiner. Un acteur mégalo qui se prend pour Orson Welles décide,
après avoir pris des cours de comédie, de tourner un film, que
dit-il, un chef d’œuvre. James Franco avait jusque là tourné
deux films épouvantables, le prétentieux As I lie dying et
le faussement osé Interior Leather bar (sur les scènes SM
supposées tournées par William Friedkin dans Cruising),
c'est dire s'il s'y connaît en mégalomanie. The Disaster artist
est plus modeste et plus intéressant. Passé le défilé de
célébrités dans leur propre rôle ou de caméos éphémères
(Sharon Stone, Megan Mullaly, Bryan Cranston, JJ Abrams), le film
plonge dans une mise en abyme qui vaut moins pour le tournage du film
de Tommy Wiseau (que je n'ai pas vu) que pour l'amitié entre Wiseau
et Greg que joue Dave Franco, le petit frère de James. C'est là que
le trouble aurait pu se situer. Mais The Disaster artist n'est
pas un faux documentaire, c'est « d'après une histoire vraie »
et paradoxalement, rien ne sonne vraiment juste, James Franco se
moque un peu de Tommy Wiseau sans vraiment déterminer si
s'approprier son passé singulier à Hollywood est une œuvre en soi.
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