Deux
prénoms, Claire ou Eva, pour deux personnages joués par Isabelle
Huppert dans deux films sortis cette semaine. Elle avait déjà
tourné avec Hong Sang-soo, en Corée, cette fois tout se passe dans
des petites rues de Cannes en 2016. Le cinéaste n'avait pas de film
en compétition au Festival cette année-là mais dans le premier
plan on distingue l'affiche de son film Yourself and yours, il
était présent au marché du film. Voilà pour le décor, quelques
rues piétonnes, un bureau, des terrasses de café ou des terrasses
privées.
Le
petit monde de Hong Sang-soo se concentre autour de l'appareil photo
de Claire (faux ami qu'est le mot anglais camera), elle prend
en photo l'employée du bureau et un réalisateur alcoolique. Elle
navigue entre les deux dans une analyse de leur déconfiture
sentimentale. Tout le monde se parle en anglais, parfois balbutiant
comme un écho de leur perte de repères. Ça ne dure que 69 minutes,
c'est charmant, très oubliable, vachement moins amusant que Another
country, la première fois où Isabelle Huppert a envahi
l'univers de Hong Sang-soo. Il faut aimer les zooms.
Chez
Benoît Jacquot, Isabelle Huppert est une habituée, depuis Les
Ailes de la colombe en 1981. Eva, distribué par
EuropaCorp (Benoît Jacquot avait une silhouette dans le Valérian
de Luc Besson) vante dans sa bande annonce un film avec le César de
la Meilleure actrice 2017 et du Meilleur acteur 2017, Gaspard Ulliel.
Le début de Eva rappelle l'épouvantable Un homme idéal
avec Pierre Niney (le vol d'un script va apporter la renommée
littéraire). Pour rappel, Pierre Niney jouait un déménageur (rires
dans la salle), ici Gaspard Ulliel incarne un jeune prostitué.
Eva
se déroule essentiellement à Annecy, c'est dans un casino que le
faux écrivain rencontre Eva, une call-girl qui l'intrigue et il va
retranscrire leur relation pour une nouvelle pièce que son
imprésario attend depuis des lustres. Le film joue sur l'hyper
activité d'Isabelle Huppert (toute en vitesse) et l'ultra lenteur de
Gaspard Ulliel, une habitude chez Benoît Jacquot, cette dichotomie
entre la force de la femme et la faiblesse de l'homme. On est tout de
même à des lustres de Paul Verhoeven et son Elle. Alors Eva
ou Claire, c'est la (petite) semaine d'Isabelle Huppert.
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