mardi 27 mars 2018

La Muette - Paris vu par... (Claude Chabrol, 1965)

Ce sketch de Paris vu par est l'unique occasion de voir Claude Chabrol et Stéphane Audran jouer ensemble, couple à la ville et couple sur l'écran, ils sont des bourgeois du quartier de La Muette dans le XVIeme arrondissement, logique que Claude Chabrol filme la bourgeoisie parisienne. Il élabore les éléments qui permettent de reconnaître immédiatement la bourgeoisie dans son film. D'abord le gamin qui revient de l'école, il est seul, mais ce n'est pas ça qui est important, sa tenue l'est, costume, cravate, ce qui pour un collégien signale sa classe sociale.

Quelques secondes à peine dans la rue et direct dans le vaste appartement de la famille. Ascenseur privé (là aussi ça claque) dont la porte est ouverte par la petite bonne avec un air insolent. Une fois l'adolescent dans sa chambre, la bonne monte à l'étage au bureau du père, il en profite pour batifoler avec elle, immanquablement dérangés par le jeune homme. Quant à la mère, elle parle au téléphone de choses et d'autres, elle fait à peine attention quand son fils rentre, poursuit sa conversation en parlant très fort.

Il faut prendre le titre du court-métrage de Claude Chabrol avec ironie. La Muette prend deux inversions de valeur, la première est de constater combien le couple sont des bavards avec ces repas où les bouches sont filmés en gros plans en train d'avaler des spaghettis. Stéphane Audran et Claude Chabrol ont des discussions sur des sujets sérieux (ici la peine de mort) mais avec des commentaires de café du commerce. En substance, cette bourgeoisie est stupide et vulgaire, incapable de réellement penser. Le couple improvisait leurs répliques.

Le film suit le parcours du gamin, lui parle peu, observe ses parents et leur absence d'affection. Il ne supporte plus de les entendre alors il va devenir sourd en utilisant des boules Quies. Il se sent bien mieux mais Claude Chabrol instaure alors le drame final. Après une nouvelle dispute des parents, la mère tombe dans l'escalier. Elle a beau appeler au secours, personne ne répond (la bonne est partie), son fils ne l'entend pas. C'est ce qui s'appelle, toujours pour prolonger l'ironie cruelle du récit, un film à chute et à chut !


















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