Je
ne vais pas regarder la cérémonie des Oscars, j'ai essayé une fois
et je trouve ça trop long, trop guindé et trop coupé par les
publicités. Cette année, neuf films sont nominés pour le meilleur
film. J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de Get out
qui aura j'espère quelques petites statuettes. J'ai déjà écrit
sur Dunkerque, Les Heures sombres et Three billboards et je n'ai toujours rien à dire sur Pentagon
papers. Depuis quelques années, certains films sortent en France
dans les semaines précédents les Oscars, sans doute des
distributeurs pensent que ça peut booster les ventes. C'est ce qui
était arrivé à Slumdog milionaire, le navet de Danny Boyle
était sorti dans l'indifférence générale, je l'avais vu dans une
salle vide, dès le lendemain de son Oscar, le film attirait de
nombreux spectateurs.
Call
me by your name (Luca Guadagnino, 2017)
Le
soleil d'été de l'Italie en 1983 est propice aux premières amours.
Thimothée Chalamet parle trois langues, l'italien avec son père, le
français avec sa mère (il a sans doute écrit lui-même les
répliques, traduction littérale de I'm angry with you par je
suis en colère avec toi...) et l'anglais avec l'étudiant
américain dont il tombe amoureux. L'année 1983, ce sont des shorts
courts et des chemises mi-longues, un kitsch esthétique que Armie
Hammer porte avec ironie. Call me by your name est le plus
long film sur les préliminaires jamais tourné. Le cinéaste filme
essentiellement des gestes, des pieds qui se touchent, des mains qui
s'effleurent, des torses qui bronzent, la main de l'ado qui agrippe
les couilles de l'étudiant. La critique française reproche au film
sa superficialité et aussi de ne voir aucune scène de cul, la belle
affaire, si c'est pour avoir les mêmes scènes faussement sensuelles
(je vise celle de 120 BPM), autant ne rien filmer. Le film est
un journal intime d'un adolescent, il est censé avoir 17 ans, et cet
été, il se l'invente, le valorise avec naïveté, comme le ferait
n'importe ado amoureux d'un homme pour la première fois.
La
Forme de l'eau (Guillermo Del Toro, 2017)
J'ai
absolument tout détesté dans La Forme de l'eau. Je n'aime
pas ces couleurs qui me rappellent les hideux derniers films de Terry
Gilliam ou de Jean-Pierre Jeunet, du verdâtre, du jaunasse. Pour
palier l'absence de dialogues du personnage féminin principal qui
est muette, il rend son voisin (ou co-locataire, je ne sais même
pas) un bavard impénitent. Le méchant de service est encore une
fois attribué à Michael Shannon. Les gens vivent au-dessus d'un
cinéma pratiquement vide sans que ça ne serve à quelque chose,
cela aurait pu inspirer le duo qui veut libérer ce Dieu amazonien.
Ça parle de désir sexuel et de société de consommation, de la
guerre froide et de l'homosexualité, tout est empilé comme dans un
diplomate, ces gâteaux étouffe-chrétien trop riches et écœurants.
Alexandre Desplat est nominé pour un Oscar compose une musique
pompière
Lady
bird (Greta Gerwig, 2017)
En
moins de 3 minutes, Greta Gerwig présente tous ses personnages et
l'enjeu de son premier film. Une discussion dans une voiture entre
Lady Bird (Saoirse Ronan) et sa mère (Laurie Metcalf, la très
conservatrice maman de Sheldon Cooper dans The Big bang theory).
Dans ce champ contre-champ, on apprend que Lady Bird s'appelle en
vérité Christine mais qu'elle déteste son prénom. Qu'on est en
2002 « le seul truc intéressant de 2002 c'est que c'est un
palindrome », mot d'auteur, le premier d'une longue série. Que
le père risque de se retrouver au chômage, que la famille est
catholique, qu'ils habitent à Sacramento, capitale de la Californie
qu'elle veut quitter pour aller étudier à New York. Qu'elle vit
avec son frère et la petite amie de se dernier et qu'ils bossent
dans une épicerie, alors que Lady Bird ne fait rien au lycée. Il
reste encore 90 minutes à tenir jusqu'à son arrivée à New York,
il ne reste plus qu'à broder. Elle se casse le bras et serre la main
(l'un des leitmotive de sa personnalité). Elle va tomber amoureuse
de deux gars, le premier (Lucas Hedges) aime le théâtre et se
révélera forcément gay, le deuxième (Thimothée Chalamet) se
présente comme un rebelle à la société, il sera très
conformiste. Elle a deux amies, la première est rondouillarde mais
sympa, la deuxième est svelte mais pimbêche. Mais va-t-elle
parvenir à faire de bons choix ou continuer de se tromper dans sa
vie ?
Phantom
thread (Paul Thomas Anderson, 2017)
Tous
les films de PTA sont des cathédrales dans lesquelles il faut
rentrer en silence et observer les sermons de l’évêque. Cette
fois, Daniel Day Lewis revient à la charge, ce qui est déjà mieux
que Joaquin Phoenix. Le décor est une maison de mode prestigieuse
dans les années 1950 à Londres où le rituel est minutieusement
détaillé, la voilà la nouvelle cathédrale du cinéaste. A côté
du couturier, sa sœur Cyril, gardienne du temple qui voit débarquer
un jour une jeune femme, serveuse de petit déjeuner (encore un autre
rituel immuable décrit dans ses moindres détails). Cyril est là
pour maintenir l'orthodoxie de la vie de son frangin et la nouvelle
petite amie va chercher en prendre corps au milieu de ces rituels.
C'est par petites touches, encore plus que dans ses précédents
films que PTA évoque ces changements, du cinéma impressionniste
(comme la peinture). La musique est superbe.
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