Honnêtement,
le scénario de We are your friends on n'en a rien à foutre.
C'est l'habituelle histoire du blanc-bec qui veut devenir calife à
la place du calife tout en piquant la meuf du calife. Sans oublier
les potes avec qui il faut rester amis même s'ils sont bien
lourdingues (toute référence à Entourage est volontaire).
Ça faisait un bon bout de temps que je n'avais pas vu un film aussi
WASP, avec des acteurs et des actrices qui n'ont jamais un kilo de
trop. Pas un seul grassouillet dans le film, que des gens aux dents
blanches et aux sapes bien assorties. Dans We are your friends,
on est bien loin de la lose du personnage d'Eden, le film raté
de Mia Hansen-Love. Zac veut devenir DJ, avec du succès, des meufs
et du pognon si possible, mais aussi avec de la bonne musique. Il
faut trouver ça dans ton cœur, lui dit son mentor. C'est beau comme
une leçon de vie à Hollywood.
Dans
le rôle du blanc-bec, Zac Efron est évidemment parfait, lui qui
rêve de se débarrasser de son personnage de High School Musical,
gentil garçon propret au sourire étincelant et à la coiffure
ondulée. Comment faire : devenir le gentil mauvais garçon et
fumer des joints. Et surtout se mettre le plus souvent torse nu pour
montrer ce que certains concurrents n'ont pas : des abdos et du
poil. Quand il se montre en promo de Dirty Grandpa à côté
de Robert De Niro, tous deux torse nu, le ventre bombé, quand il
joue avec le très velu et gros Seth Rogen dans Nos pires voisins
ou quand il se fait pisser dessus par Nicole Kidman dans Paperboy,
c'est chaque fois dans le même but. Zac Efron ose tout, y compris le
ridicule. Il ne s'agit pas vraiment de prendre des risques, mais de
chercher à se trouver une place à Hollywood dans la plus pure
tradition du stéréotype hollywoodien.
La
concurrence est forte. Dans la décennie écoulée, les acteurs qui
passent leur temps à se mettre torse nu à chaque rôle sont
nombreux. Taylor Lautner, le loup-garou de la franchise Twilight,
a du mal à faire autre chose même si sa prestation dans la série
Cuckoo était agréable. Kellan Lutz, lui aussi de Twilight,
a tellement gonflé en biceps qu'il imagine être la relève de Vin
Diesel. On l'a vu dans Expendables 3 (un terrible navet) et
dans La Légende d'Hercule de Renny Harlin (un authentique
nanar). Tous deux ont une carrière bien morne. Le seul concurrent à
Zac Efron est Channing Tatum. Il a aussi commencé dans une franchise
pour adolescentes (Sexy Dance) pour passer par un cinéma plus
ambitieux (Michael Mann, Steven Soberbergh, les Wachowski) et
surtout, jouer sur tous les registres, comédies, romance, aventure,
film indé et blockbusters, avec de moins en moins de succès.
On
pourrait ajouter à cette liste d'autres acteurs américains qui
incarnent le jeune Hollywood sexy et #PerpetuallyShirtless des dix
dernières années : Ryan Reynolds, Jake Gyllenhaal, Ryan
Gosling, Joseph Gordon-Levitt et James Franco. Et ceux qui viennent
d'ailleurs, Chris Hemsworth, Jai Courtney, Tom Hardy, Michael
Fassbender. Leur prestige est dû tout autant à la corps nu au
cinéma, visible en long, large et travers sur grand écran qu'à
leur composition. Je me demande toujours s'ils sont interchangeables
et combien de temps ils pourront jouer sur le registre physique. Pour
finir avec Zac Efron et We are your friends, son personnage
réussit dans la vie grâce à son talent musical, il reste ami avec
son mentor mais il lui pique sa copine quand même. Dans les
magazines, on utilise photoshop pour faire bander les abdos de ces
acteurs, à Hollywood, les scénarios aussi passent par photoshop
pour être plus vendeurs.
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