Superficiellement,
Hypertension
n'est qu'un film d’action survolté à la mise en scène
hystérique, au montage épileptique, aux clichés sur les gangsters.
Pas mieux qu’une production Besson – Europacorp, diront les
grincheux qui ne connaissent pas vraiment le cinéma cantonais auquel
il ressemble beaucoup. Hypertension
vaut beaucoup mieux. Et
le plaisir vient de cela. Les amateurs de réalisme peuvent partir en
courant. La première idée géniale de Neveldine et Taylor est
d’avoir engager Jason Statham pour le rôle de Chev Chelios.
Statham est parmi les musclés du cinéma américain et français
d’action non pas forcément le meilleur acteur du monde, mais sa
musculature reste encore humaine comparée à celles de Vin Diesel ou
de The Rock. Chelios est tueur à gages, mais il reste un gentil
mari. Sa femme Eve (Amy Smart) est une jeune écervelée qui ignore
tout des activités de son mari. La seule chose qu’elle remarque
c’est qu’il arrive en survêtement à leur appartement et non pas
en costard.
La
vie de Chelios se trouve chamboulée par sa mort. Il a tué le roi de
la pègre hongkongaise, Don Kim et ses ennemis ont injecté à
Chelios un poison chinois. Il ne lui reste que quelques heures à
vivre, mais il va chercher pendant tout le film l’antidote au
poison. Et là, le film devient grandiose puisqu’il adopte le point
de notre moribond et nous allons être embarqués dans une course
poursuite contre la montre. Les effets du poison ne vont pas tarder à
modifier la vue et l’ouïe de Chelios et la caméra va enregistrer
ces changements. Hypertension
ose tout – et c’est ça qu’on aime – comme Tsui Hark osait
tout dans certains de ses films d’action : Twin
dragons avec Jackie
Chan ou Time
and tide beaucoup plus
que ses deux films américains. On pense aussi au Big
hit de Kirk Wong. Mais, c’est
bien sûr à certains films de la Golden Harvest que l’on pense,
aux fleurons de Jackie Chan où tout allait très vite et où
l’action était tellement viscérale que l’on ne prenait même
pas garde aux facilités du scénario. L’action est primaire mais
l’humour est constant.
Il
faut dire que les personnages que rencontre Chev Chelios sont tous
barrés. Son médecin, l’impassible Dwight Yoakam, parti à Las
Vegas, lui explique par téléphone (un des gags récurrents est la
sonnerie désaccordé du portable de Chev) ce qu’il doit faire. Et
Chev cherche de l’adrénaline. Coke, médocs, course à pied et en
voiture. Mais aussi sexe. Il décide de baiser sa femme dans
Chinatown – on nage en pleine histoire de triade – devant les
yeux médusés de dizaines de personnes. Le sexe, ou le cul, est le
moteur du numéro deux. On a même l’impression que ça ne parle
que de ça. La suite, sortie deux ans plus tard, est toute aussi
folle mais moins surprenante. Chev Chelios est mort mais son cœur
rebattra. Et d'autres personnages disparus revivront, comme dans pas
mal de suite qui ne s’embêtent pas avec les personnages morts.
Ici, on fait revenir un jumeau qui assume le même rôle, là on fait
survivre dans une machine le cerveau d’un frère. C’est
finalement ce combat contre la mort, sans cesse à recommencer, qui
fait des deux Hypertension
des films qui se démarquent de ses concurrents (le film se moque
d’ailleurs ouvertement du Transporteur).
Qu’on soit figurant ou héros, on meurt à la fin pour mieux
revivre dans la magie du cinéma.
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