Dans
les années 1990, une poignée de films prenait comme personnages des
hommes ordinaires, ni héros, ni méchants, et les plongeait dans le
surnaturel mâtiné de gentil fantastique : Bill Murray revit le
même jour dans Un jour sans fin, Jim Carrey ne peut dire que
la vérité dans Menteur menteur, Michael Keaton se crée des
clones dans Mes doubles ma femme et moi, Jack Black voit tour
le monde très beau dans L'Amour extra-large, Alain Chabat est
un chien devenu homme dans Didier. Ces films, tous des
comédies, auraient pu basculer assez vite dans le tragique, devenir
une exploration de la folie de leur personnages. Le nouveau film de
Terry Jones cultive ce terreau de l'homme ordinaire piégé par le
fantastique.
Simon
Pegg est un petit prof débordé par ses élèves et amoureux de sa
voisine. Des extraterrestres lui attribuent un pouvoir : celui
de voir tous ses vœux exaucés. L'homme aura tous les pouvoirs mais
s'il fait le mal, la Terre sera détruite. Et c'est parti pour une
bonne heure, passé la laborieuse ouverture et présentation des
situations, pour des gags ras les pâquerettes. Exemple : Simon
Pegg est devant sa glace, torse nu, il espère un gros sexe. Son sexe
est si lourd qu'il tombe à la renverse, puis son sexe est celui d'un
Africain (rires). Ensuite, il veut un superbe corps, il obtient le
corps d'une femme (rires) etc. En fait, son personnage est celui d'un
gros beauf égoïste.
Pas
grand chose ne fait rire dans le film. Les aliens, doublés par les
membres des Monty Python, sont visuellement hideux et leur humour,
qui fleure bon le sarcasme, tombe un peu à plat. La critique de la
critique littéraire via le personnage de Joanna Lumley n'est pas
très piquant. Simon Pegg qui a des tonnes de monologue quand il
teste ses pouvoirs fait un peut peine parce qu'il n'a personne pour
lui donner la réplique. La romance avec Kate Bekinsale est
franchement cucul la praline. Le personnage du colonel qui la harcèle
semble qu'un simple copier-coller du Otto d'Un poisson nommé Wanda.
Et n'oublions pas cette horrible affiche jaune dont on nous gratifie.
C'est
d'autant plus dommage qu'il ne manque pas grand chose pour que tout
soit drôle. Un scénario plus concis, moins de personnages
excentriques à tout prix, des dialogues plus rythmés. On sent que
le film date d'un vieux projet sans cesse remis au lendemain (Sarah
Palin comme modèle de méchant, ça date un peu). Tout serait à
jeter sans Robin Williams qui fait la voix du chien de Simon Pegg. Il
apporte les seuls gags vraiment marrants sans qu'il ne paraissent
vraiment neufs. Comme quoi, quand on sait faire, on peut faire rire
avec absolument tout. Faut juste savoir faire.
Absolutely
anything (GB, 2015) Un film de Terry Jones avec Simon Pegg, Kate
Beckinsale, Rob Riggle, Joanna Lumley, Eddie Izzard, Sanjeev
Bhaskar et Terry Jones, Michael Palin, Eric Idle, Terry Gilliam, John
Cleese et Robin Williams.
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