En
janvier, on avait laissé Géraldine Chaplin en vieille alcoolique
qui ne parlait que pour demander sa vodka dans Valentin Valentin
de Pascal Thomas. On la retrouve dans ce film venu de la République
Dominicaine tourné par un duo de cinéastes mexicains Israel
Cárdenas et Laura Amelia Guzmán. L'actrice apparaît par bribe pour
sa première scène : un bout de peau couverte de rides et de
tâches de vieillesse, un dos dénudé, une main maigre qui se balade
sur le corps d'une autre femme. Puis, sous l'eau les deux femmes,
l'une très jeune, un Dominicaine, l'autre Chaplin, bien âgée, se
baignent dans l'océan. Là, on ne voit plus la différence d'âge,
de corps vieilli. Ce sera le seul moment où les deux femmes sont
égales dans Les Dollars de sables. Puis, enfin, le visage de
Chaplin, ses yeux écarquillés d'être en face de cette jeune beauté
dont elle est tombée amoureuse.
Pourtant,
le film s'ouvre sur une scène bien cruelle. La jeune femme nommée
Noéli (Yanet Mojica), est en face d'un homme d'âge mûr, un
touriste qui doit partir. Il lui dit qu'il l'aime, elle lui rend la
pareille. Il veut lui laisser un souvenir. Elle choisit sa chaîne en
or qu'elle va immédiatement vendre avec son vrai petit ami. Noéli
n'a pas besoin de vieux amants ou de vieilles maîtresses, elle a
besoin d'argent. Et tout le film tournera autour de ça. Son pseudo
frère a eu un accident, il faut de l'argent pour l'hôpital. Tout ça
arrange Anne, le personnage de Géraldine Chaplin, qui s'assure que
Noéli reste auprès dans le même rituel quotidien où elle quitte
son rôle de petite femme qui cherche de l'argent, revêt un bikini
tout riquiqui et devient l'objet sexuel d'Anne.
Le
film montre les rouages de ce marché, de cette consommation de chair
fraiche. Anne affirme que ça dure depuis trois ans. Anne vit
tranquillement de sa retraite et appelle de temps en temps son fils.
Elle veut maintenant inviter son « amoureuse » en France,
dans un aveuglement total. Quand elle raconte ça à ses autres amis
européens qui habitent aussi en République Dominicaine, c'est tout
l'égoïsme du colon installé dans son petit confort qui est mis en
avant. Il suffit de pas grand chose pour qu'un élément du rouage se
brise et que toute la mécanique se dérègle. Le film ne choisit pas
vraiment son camp, comme s'il renvoyait dos à dos les deux femmes.
Il se dégage du coup une relative impression de mollesse et
d'inachevé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire