Dans
les années 1990, Hollywood décide d'adapter quelques séries télé
au cinéma, La Famille Addams, Le Saint, Wild Wild
West, Chapeau melon et bottes de cuir. Aucun film n'a eu
la puissance de Mission Impossible vu et corrigé par Brian De
Palma. Le film n'a pas pris une ride et demeure un objet esthétique
d'une grande force visuelle doublé d'un scénario à la fois très
simple et très retords. Montrer d'abord une opération réussie avec
les classiques de la série : le masque que Tom Cruise arrache
de son visage, les mots de passe secrets pour accéder à la fameuse
cassette qui s'autodétruira dans cinq secondes et la préparation
d'une nouvelle mission impossible avec les membres de l'équipe.
Contrairement
aux autres films cités plus haut, contrairement aux aventures de
James Bond, il a été choisi de ne pas faire affronter un savant
fou/milliardaire mégalo/général tyrannique à l'équipe de Mission
Impossible. Tout cela évite le kitsch des rires sardoniques du
super méchant. L'ennemi est intérieur. Pour Ethan Hunt, le
personnage de Tom Cruise, il s'agit de tuer symboliquement le père
de la série, soit Jim Phelps, incarné à la télé par Peter Graves
et ici par John Voigt. Ethan Hunt est au milieu d'une chasse à
l'homme (Man hunt). Passer de la télé au cinéma veut aussi dire
abandonner le récit linéaire pour y placer des embûches
scénaristiques, des faux flash-backs ou des flash-forwards en trompe
l’œil. Tout est vrai donc tout est faux et inversement.
L'une
des idées géniales de Brian De Palma est de ne pas faire confiance
à la technologie. La technologie est ce qui vieillit le plus au
cinéma. Le seul gadget d'Ethan Hunt est ce chewing-gum qui sert
d'explosif. L'utilisation des ordinateurs, d'Internet, des mails est
réduite à leur plus stricte utilité pour ne pas donner un côté
trop daté au film. Ainsi pas de masque fabriqué en 3D sur ordi, pas
d'affichage électronique sur l'écran, pas de montre extraordinaire.
Le film se moque d'ailleurs de tous ces simagrées auxquels le
fonctionnaire du siège de la CIA doit procéder pour accéder à la
chambre forte mais qu'une diarrhée carabinée va contraindre de
quitter les lieux. En revanche, il s'intéresse à la surveillance
vidéo (le premier plan du film est d'ailleurs une télé qui
surveille une planque), De Palma en fera le sujet de Snake eyes,
son film suivant.
Entre
la magnifique partie à Prague où l'équipe d'Ethan Hunt est décimée
et la course poursuite finale sur l'Eurostar, Brian De Palma filme
l'une des séquences les plus réussies non seulement de toute sa
carrière mais aussi du cinéma d'action. Cette scène d'apesanteur
où Ethan Hunt est suspendu à une corde. Le silence est requis car
le moindre son ferait sonner l'alarme (on pense bien sûr à Keir
Dullea qui affronte Hal dans 2001 l'odyssée de l'espace), De
Palma ne peut donc pas utiliser la musique pour accentuer le
suspense. Tout ce joue donc sur l'alternance entre les plans
d'ensemble et les gros plans sur Tom Cruise, sur un montage entre
l'intérieur de la chambre forte et l'extérieur où Jean Reno, Ving
Rhames et Emmanuelle Béart aident Tom Cruise. Souvent imité, jamais
égalé.
Les
captures d'écran du DVD de Mission Impossible (édité par Paramount
en 2000) sont dans l'ordre du déroulement du film.
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