dimanche 30 août 2015

Mes chers amis / Amici miei (Mario Monicelli, 1975)

 
Voir Mes chers amis dans sa version italienne, c'est d'abord se confronter à la voix off qui narre le récit. C'est celle de Perozzi, un journaliste qui termine sa journée au petit matin et qui ne veut pas rentrer chez lui quand il comprend que son fils (un adulte cadre dynamique petit bourgeois) est chez lui. Perozzi précise que tout le monde l'appelle toujours par son nom de famille, jamais pas son prénom et ce depuis toujours. Or cette voix est sur le corps de Philippe Noiret dont je connais parfaitement la voix française. Il y a une bizarrerie dont il faut d'abord se débarrasser. La version française n'est plus aisée à regarder. Noiret a sa vraie voix mais les lèvres sont désaccordées.

Ces chers amis de Perozzi sont Melandri (Gastone Moschin), un architecte qui promène le gros chien de sa femme. Enfin, il se fait plutôt promener. Mascetti (Ugo Tognazzi), un noble désargenté qui vit avec femme et fille dans un sous-sol au confort bien sommaire. Et enfin, le quatrième larron est Necchi (Dullio Del Prete) un tenancier de bar. Ils se connaissent depuis l'enfance et, régulièrement, ils abandonnent femmes et boulot, embarquent pour partir en vadrouille et faire quelques bêtises de gamins. Par exemple, ils vont sur un quai de gare. Quand le train démarre, ils giflent les voyageurs qui se mettent à la fenêtre, le tout dans un grand éclat de rire. Ils sont restés des enfants espiègles.

Cette escapade est l'occasion pour Perozzi de se rappeler quelques souvenirs sur ses trois amis. Comment Melandri s'est retrouvé avec sa femme et les enfants de cette dernière et le gros chien. Comment il a dû convaincre Sassaroli, le mari de la femme, de la laisser partir au prix d'immenses sacrifices. Hélas, le mari cocu (génial Adolfo Celi, le méchant dans Opération Tonnerre) décide de tout dans la nouvelle vie de son ex-femme, donne des conseils à Melandri et juge chacun de ses actes. Mais petit à petit Sassaroli est devenu le cinquième compère de la bande qui abandonne sa clinique pour aller faire les 400 coups avec ses chers amis. Mais Melandri ne supporte plus cette vie de soumission.

Le deuxième flash-back est consacré à Mascetti, aristocrate sans le sou, qui trompe sa femme avec une adolescente surnommée Titti (Silvia Dionisio). Ruiné, il va de chambre en chambre, refusant l'aide de ses amis par arrogance et fierté. Tognazzi est champion pour incarner la morgue du mâle italien. Le troisième récit concerne Necchi, le plus farceur de la bande qui va faire croire à Righi (Bernard Blier) que les quatre amis font partie de la mafia. C'est tout un scénario machiavélique que Necchi élabore pour s'amuser et se moquer de ce pauvre. Tout va se retourner contre eux. Les femmes vont leur donner une leçon bien méritée.

Derrière les facéties des cinq amis, des failles vont apparaître. Les hommes se moquent d'eux souvent, se font des blagues, mais elles laissent assez vite place à un malaise qui se communique au spectateur. Ces enfantillages qui les caractérise et dont ils sont fiers ne sont que les signes de leur médiocrité dont ils se contentent depuis leur enfance. Le film se passe à Florence qui est filmé comme une ville désertique. Le ciel est envahi par la grisaille. La mélancolie pointe son nez quand les récits de chacun des trois amis tourne au vinaigre. Le dernier récit est consacré à Perozzi lui-même. Ses amis (comme nous spectateurs) ne sauront jamais s'il raconte une énorme farce ou s'il dit la vérité. Mes chers amis est la compilation des récits de machos irresponsables qui vont être bien punis de leur arrogance.







Captures d'écran établies à partir du DVD édité par SNC en 2013.

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