Voir
Mes chers amis dans sa version italienne, c'est d'abord se
confronter à la voix off qui narre le récit. C'est celle de
Perozzi, un journaliste qui termine sa journée au petit matin et qui
ne veut pas rentrer chez lui quand il comprend que son fils (un
adulte cadre dynamique petit bourgeois) est chez lui. Perozzi précise
que tout le monde l'appelle toujours par son nom de famille, jamais
pas son prénom et ce depuis toujours. Or cette voix est sur le corps
de Philippe Noiret dont je connais parfaitement la voix française.
Il y a une bizarrerie dont il faut d'abord se débarrasser. La
version française n'est plus aisée à regarder. Noiret a sa vraie
voix mais les lèvres sont désaccordées.
Ces
chers amis de Perozzi sont Melandri (Gastone Moschin), un architecte
qui promène le gros chien de sa femme. Enfin, il se fait plutôt
promener. Mascetti (Ugo Tognazzi), un noble désargenté qui vit avec
femme et fille dans un sous-sol au confort bien sommaire. Et enfin,
le quatrième larron est Necchi (Dullio Del Prete) un tenancier de
bar. Ils se connaissent depuis l'enfance et, régulièrement, ils
abandonnent femmes et boulot, embarquent pour partir en vadrouille et
faire quelques bêtises de gamins. Par exemple, ils vont sur un quai
de gare. Quand le train démarre, ils giflent les voyageurs qui se
mettent à la fenêtre, le tout dans un grand éclat de rire. Ils
sont restés des enfants espiègles.
Cette
escapade est l'occasion pour Perozzi de se rappeler quelques
souvenirs sur ses trois amis. Comment Melandri s'est retrouvé avec
sa femme et les enfants de cette dernière et le gros chien. Comment
il a dû convaincre Sassaroli, le mari de la femme, de la laisser
partir au prix d'immenses sacrifices. Hélas, le mari cocu (génial
Adolfo Celi, le méchant dans Opération Tonnerre) décide de
tout dans la nouvelle vie de son ex-femme, donne des conseils à
Melandri et juge chacun de ses actes. Mais petit à petit Sassaroli
est devenu le cinquième compère de la bande qui abandonne sa
clinique pour aller faire les 400 coups avec ses chers amis. Mais
Melandri ne supporte plus cette vie de soumission.
Le
deuxième flash-back est consacré à Mascetti, aristocrate sans le
sou, qui trompe sa femme avec une adolescente surnommée Titti
(Silvia Dionisio). Ruiné, il va de chambre en chambre, refusant
l'aide de ses amis par arrogance et fierté. Tognazzi est champion
pour incarner la morgue du mâle italien. Le troisième récit
concerne Necchi, le plus farceur de la bande qui va faire croire à
Righi (Bernard Blier) que les quatre amis font partie de la mafia.
C'est tout un scénario machiavélique que Necchi élabore pour
s'amuser et se moquer de ce pauvre. Tout va se retourner contre eux.
Les femmes vont leur donner une leçon bien méritée.
Derrière
les facéties des cinq amis, des failles vont apparaître. Les hommes
se moquent d'eux souvent, se font des blagues, mais elles laissent
assez vite place à un malaise qui se communique au spectateur. Ces
enfantillages qui les caractérise et dont ils sont fiers ne sont que
les signes de leur médiocrité dont ils se contentent depuis leur
enfance. Le film se passe à Florence qui est filmé comme une ville
désertique. Le ciel est envahi par la grisaille. La mélancolie
pointe son nez quand les récits de chacun des trois amis tourne au
vinaigre. Le dernier récit est consacré à Perozzi lui-même. Ses
amis (comme nous spectateurs) ne sauront jamais s'il raconte une
énorme farce ou s'il dit la vérité. Mes chers amis est la
compilation des récits de machos irresponsables qui vont être bien
punis de leur arrogance.
Captures d'écran établies à partir du DVD édité par SNC en 2013.
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