Bob
Fosse aime les sujets scabreux et dénuder ses actrices, certes dans
ses deux premiers films Sweet Charity et Cabaret
Shirley MacLaine et Liza Minnelli ne sont que des artistes de music
hall en combinaison, mais dès Lenny, puis All that jazz
et enfin Star 80, il défeuille petit à petit ses actrices.
Mariel Hemingway est Dorothy Stratten, la gentille petite canadienne
de Vancouver, future pages centrales de Playboy, alors qu'elle était
à peine majeure.
Avec
tout ce que cela comporte de nudité dans le film. Bob Fosse se rince
bien l’œil, le spectateur peut bien se rince l’œil avec toutes
ces scènes de photographie pour le magazine américain avec un sens
immodéré du cliché, pas une seule invention visuelle, au contraire
une reproduction de l'effet érotique plat, mais contrairement à
Lenny et All that jazz sans le recul nécessaires qui
faisaient de ces deux films une critique de l'industrie américaine
du spectacle.
Etrangement,
c'est le « découvreur » de Dorothy qui endosse le point
de vue, le moustachu Paul Sinder (Eric Roberts), amoureux de son
propre corps, admirant sa musculature devant son miroir après une
séance de pompes. La séquence d'ouverture est là pour appuyer sur
un élément simple : le narcissisme de Paul causera la perte de
Dorothy. Paul Snider est l'exact contemporain de Tony Montana de
Scarface, ils partagent leur passion pour les costumes de maquereau.
Le
spectateur de 1983 avait entendu parler, probablement, de Dorothy
Stratten, un faits divers atroce, un meurtre par Paul Snider. Lenny
se terminait par la photo de son corps nu après son suicide, Star
80 commence par la mort de Dorothy enclenchant un flash-back avec
divers intervenants, comme dans Lenny, pour dresser le portrait de ce
couple, elle l'innocente petite fille, lui le salaud parfait,
manipulateur, escroc, jaloux maladif.
Comme
dans tout film tiré d'une histoire vraie, en tout cas à Hollywood,
on garde les noms. Hugh Hefner (Cliff Robertson) le patron de Playboy
devient le mentor de Dorothy. Elle l'héberge dans son « manoir »
où elle croise des célébrités, ce qui accentue la jalousie
maladive de Snider. Bob Fosse ironise sur la vulgarité non pas de
Hefner, montré comme un gentil papa poule, mais de Snider et de sa
grande gueule toujours à la ramener totalement fasciné par un star
system qui le rejette.
Le
seul à être transformé est Peter Bogdanovich devenu un certain
Aram Nicholas (Roger Rees) qui se voit contraint, pour faire de la
pub sur son film, d'engager Dorothy. On le sait (enfin plus ou
moins), Bogdanovich a été l'amant de Dorothy sur le tournage de
They all laughed (un film assez moyen), il épouse même plus
tard sa petite sœur (ici prénommée Eileen). C'est pour des raisons
légales que le nom du cinéaste a été changé. Peu importe.
Bob
Fosse a toujours aimé les personnages antipathiques, et Eric Roberts
est formidable, mais il s'était gardé d'étaler le salace, le
voyeurisme, le sensationnalisme, mais à peu rien ne s'équilibre
dans Star 80, je le redis c'est encore à cause de l'absence
de visée politique ou artistique (la censure, la liberté de parole,
le racisme) tout en reproduisant l'imagerie vulgaire de l'époque,
comme le fera Paul Verhoeven dans Showgirls avec le même
résultat.
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