L'une
s'appelle Lily Powers (Barbara Stanwyck), surnommée Baby Face,
l'autre s'appelle Chico (Theresa Harris), deux amies, l'une Blanche –
la fille du patron, l'autre noire – la petite employée que le
patron engueule à tout bout de champ, et elles travaillent dans un
café mal famé, franchement sordide où elles se font peloter par
les types qui viennent dépenser tout l'argent qu'ils viennent de
gagner en alcool. C'est un bouge secret où le patron ferme la porte
à l'arrivée de chaque nouveau client.
Faut
dire que le patron (Robert Barrat) ne verrait pas d'un mauvais œil
que sa fille, qui plaît aux clients, aille fricoter avec eux,
histoire de leur prendre encore plus d'argent. Le tempérament de
Lily la pousse à engueuler ce malotru, et il faut bien quelle fasse
comprenne que ce patronyme qu'on lui a attribué a un sens, powers,
elle va prendre la pouvoir. Elle file pour New York avec Chico, qui
deviendra sa bonne pour éviter le racisme mais elle lui dit que rien
ne changera entre elles, elles seront toujours des sœurs.
Avant
de partir, Lily a discuté avec un vieil homme Cragg (Alphonse
Ethier), il est revenu de tout et pratique Nietzsche. Il conseille à
Lily de lire Nietzsche mais surtout de le pratiquer, de renoncer à
l'amour et d'arriver jusqu'en haut sans prendre soin des hommes. Elle
choisit un gratte-ciel, le Rockefeller et décide qu'elle va gravir
tous les étages grâce à son charme. Dès l'entrée, elle parvient
à convaincre le portier de la laisser rentrer parce que le lieu lui
plaît et qu'elle se verrait bien travailler là.
La
caméra de Alfred E. Green suivra ce parcours en filmant les étapes
de cette ascension sociale avec des simples plans des étages, plus
c'est haut, plus c'est les postes sont prestigieux mais rares. Elle
commence en bas de l'échelle en parvenant toujours à convaincre le
responsable du service en se glissant dans le bureau quand la
secrétaire s’éclipse. Tout ça ne plaît pas à tout le monde, ça
crée des jalousies chez les femmes. Mais plus que cela, elle va
séduire chacun des hommes qui lui donne un boulot.
On
reconnaît dans les premiers postes qu'elle occuper, John Wayne alors
tout jeune et fringant, un rôle de quelques minutes, en bas de
l'immeuble. Dès qu'elle a trouvé quelqu'un de plus important, elle
le largue, non sans lui l'avoir usé jusqu'à la corde, avoir profité
de ses prérogatives. Et elle monte, elle monte. Les tenues se font
plus chic, les appartements plus grands, les bijoux plus somptueux et
Chico reste à ses côtés observant son ascension sociale. Et enfin,
elle réussit à sortir à le grand patron.
Seulement
voilà, faire rendre chèvre les hommes, ça va un temps, mais
l'amour revient à la charge. Lily pensait pouvoir s'en affranchir et
profiter de son pouvoir de séduction, Barbara Stanwyck avec son
visage défiant ces hommes qui voulaient la dominer. Evidemment, ça
n'a pas beaucoup plus aux ligues de vertu qui n'ont jamais aimé voir
une femme libre profiter de son corps, pendant un bon bout de temps
il n'a pas été possible de voir la version que le cinéaste et
l'actrice avaient tourné, aujourd'hui c'est possible.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire