Une
exposition sur Louis de Funès devait commencer le 1er avril mais
Covid19 oblige, elle a été reportée au 15 juillet. J'imagine que
l'on peut voir les costumes que l'acteur portait dans ses films en
costumes justement et ses films d'époque. Son képi du Gendarme
de Saint-Tropez, sa parure de paon de L'Avare mais aussi
ceux de La Folie des grandeurs dont la couleur, la plupart du
film, est verte, sans doute pour reprendre la phrase de William
Shakespeare dans Othello sur la jalousie de ce monstre aux yeux
verts. Ici, le symbole du pouvoir sont deux pompons verts qui
ballottent au gré des mouvements de la tête de Louis de Funès.
Don Salluste, tel est le nom de ce Grand
d'Espagne qui traverse la campagne aride sur son carrosse tiré par
une demi-douzaine de chevaux et entouré par des hommes de garde. Don
Salluste va collecter les impôts. À l'arrière du carrosse le
fidèle Blaze (Yves Montand). Blaze le valet voit tout. Il anticipe
tout. Ainsi, quand il arrive dans le village pour les impôts, Blaze
fait comprendre au villageois qui pourront récupérer leur en or.
Don Salluste penser dominer la situation, il pensait être aimé.
Avec ses pompons et ses gants verts, il va se retrouver cul par terre
parce que Blaze a scié le siège, de faussement acclamé, il se
retrouve chassé par les paysans armés de fourches.
Après
cette mésaventure de la collecte des impôts, Don Salluste se fait
bichonner par son valet. C'est la célèbre scène du bain, Louis de
Funès tout nu dans un baquet et Yves Montand qui lui nettoie les
oreilles avec son mouchoir de part en part. Puis cette célèbre
réplique « flattez-moi ». « Monsieur est beau »,
lui répondra le laquais. Le seigneur n'en croit pas ses oreilles, il
doit aller vérifier dans un miroir, le flatteur est flatté, même
s'il n'y croit guère. Il n'aime que l'argent, la seules chose
concrète dont il aime entendre le son « il est l'or, l'or de
se lever, monsignor »... « Il en manque une »,
affirme-t-il dans sa grande cupidité.
Personne
n'aime Don Salluste. Ni la reine (Karin Schubert), ni les autres
Grands d'Espagne. Il fomentent un complot ces Grands d'Espagne,
ceux-là qui sont réellement de très grande taille. Au milieu du
cadre de La Folie des grandeurs, Louis de Funès apparaît
riquiqui à côté des autres acteurs dont Venantino Venantini. Puis,
c'est la Reine d'Espagne avec son accent allemand qui accuse Don
Salluste d'avoir engrossé une bonne. Ridicule dans son accoutrement
qu'il n'a pas eu le temps d'enfiler, le pantalon glisse, la fraise à
peine fixé, il a bien du mal à se défendre. C'est le bannissement.
Au tour de Don Salluste de fomenter son complot.
S'il
ne peut pas épouser l'Infante (« mochet »), s'il ne peut
pas accéder au pouvoir, alors César pourra. César ce neveu de
Salluste est un brigand qu'il faut le retrouver pour l'expédier aux
Barbaresques puis le remplacer tout simplement par le fidèle Blaze.
Voici donc à ce stade du film deux complots qui vont s'entrechoquer,
deux complot ourdis par deux clans différents avec chaque fois des
rebondissements afin de créer toute une panoplie de quiproquos. Et
dans cette complexité, il y a un élément qui va jouer à la faveur
de Don Salluste. Blaze ce simple serviteur est tombé amoureux de la
reine.
Sauf
que la reine comme le dit sa suivante, la stricte Dona Juana (Alice
Sapritch) n'a pas le droit de se voir offrir des myosotis, la reine
n'a pas le droit d'écouter des chansons sur le balcon. Ainsi quand
les Grands envoient une bombe sur le roi d'Espagne, Blaze jouant
César sauve la situation. Et au creux de l'épée de ce faux César,
Don Salluste a bien pensé à ajouter un bouquet de myosotis. La
reine comprend immédiatement que cet homme est celui qui lui a fait
la cour dans le jardin sous le balcon. Immédiatement elle tombe
amoureuse de lui. Blaze remplace son ancien maître à la collecte
des impôts et se met à dos les Grands qui doivent y contribuer.
« Encore
un complot, cette fois ils veulent tuer Blaze, il faut absolument que
je le prévienne, sinon c'est mon complot à moi qui s'effondre ».
Dans cette magnifique réplique envoyée par Louis de Funès, Don
Salluste tente de faire le point sur le complot pour déjouer le
complot qui doit donc déjouer le premier complot. Il pousse jusqu'à
l'absurde la situation. En fin de film, il dira « j'ai un petit
plan pour tous nous évader, nous rentrons à Madrid, nous
conspirons, le roi répudie la reine, la vieille épouse le
perroquet, César devient roi, je l'épouse et me voilà reine ».
Chacun se retrouve à la place de l'autre dans un échange des
personnalités des rôles et des rangs ce qui permet à Louis de
Funès de se déguiser successivement en vieille femme, en valet, en
moine lors de la procession religieuse.
Dans
chacun des films de Gérard Oury joué par Louis de Funès, il
incarne toujours un personnage englué dans son délire de troubles
de la personnalité dans Le Corniaud l'escroc fera tous les
métiers, dans La Grande vadrouille le chef d'orchestre va se
travestir à plusieurs fois et l'année suivante dans Les
Aventures de Rabbi Jacob Pivert deviendra rabin. Cette folie des
grandeurs le pousse à devenir le gendre du roi et de la reine mais
évidemment tout se solde par un échec lamentable qui le conduira
aux barbaresques où il retrouvera les autres Grands d'Espagne et
mais aussi Blaze, qui était pourtant parvenu à présenter au roi,
venu vérifier si la reine le trompait avec César (le dernier
complot de Don Salluste) et feignant d'avoir un rendez-vous galant
avec Dona Juana.
J'aime
beaucoup ce personnage d'Alice Sapritch. L'actrice a finalement que
peu de rôle au cinéma. Elle apparaît d'abord dans La Folie des
grandeurs comment un personnage hautain et reigide (le menton en
l'air), elle ordonne à la reine de respecter le protocole à la
lettre une personne extrêmement rigide. Dans le jeu de
colin-maillard, les suivantes de la reine l'écartent de la reine.
Mais elle est persuadée que le Don César qu'incarne Blaze est
amoureux d'elle, elle se trompe bien sûr, elle se trompe d'autant
plus que ce n'est pas César dont elle embrasse les mains mais un
gros mâtin. Le morceau de bravoure est cette dans l'auberge. Dona
Juana débarque dans la chambre de Blaze et entame un strip-tease.
C'est l'une des plus délirante du cinéma français.
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