jeudi 17 septembre 2020

The Mask of Fu Manchu (Charles Brabin, 1932)

Quand le British Museum propose à un trio d'archéologues d'aller trouver le tombeau de Genghis Khan, il ne s'agit pas de pillage, non, non, comme disait Indiana Jones à un pilleur « sa place est dans un musée ». Non, les Britanniques veulent empêcher la fin de la civilisation occidentale. Fu Manchu (Boris Karloff) est une menace importante. S'il se saisit avant eux du masque d'or, du cimeterre et la plaque en or annonçant le retour de Gengis Khan. Telle est la prophétie.

On part sur cette promesse d'une bataille entre l'Orient forcément cruel et vicieux et l'Occident évidemment pacifique et artistique. Mais dans le muséum, on surveille les archéologues. Des sbires sont habilement cachés dans les sarcophages. Quand ils traversent la pièce, cigarette à la main (l'un d'eux jette son mégot dans une urne – la preuve qu'ils aiment les antiquités), ils ne remarquent rien tout contents de l'expédition dans le désert de Gobi qui se prépare.

Sir Lionel Barton (Lawrence Grant) explique à ses collègues Von Berg (Jean Hersholt) et McLeod (Davod Torrence) ce que Nayland (Lewis Stone), le chef des services secrets lui a raconté. Pas de chance, Barton est enlevé par Fu Manchu, au courant de tout grâce à ses espions. Fu Manchu va torturer Barton pour savoir où se trouve le tombeau : il le place sous une cloche et la fait sonner, il deviendra fou ou mourra de faim et soif s'il ne révèle rien.

Sous les traits de Boris Karloff, le maître du déguisement à Hollywood, Fu Manchu doit apparaître terrifiant avec ses ongles longs, sa longue barbe, son sourire sardonique mais il parle lentement, il prend tout son temps pour expliquer les délices de torture que va subir Barton. L'Anglais a beau dire que Fu Manchu est un barbare, le Chinois rétorque qu'il a trois diplômes de médecine : prends ça dans les dents l'Anglais pilleur de tombes.

Le chef a été victime d'un enlèvement, peu importe, l'expédition aura lieu. La fille de Barton, Sheila (Karen Morley) en prend la tête, malgré les réticences de Nayland. Elle s'embarque avec son fiancé le très fade Terrence (Charles Starrett). Du coup, Nayland part aussi en Chine. Dans la scène suivante, ils sont tous les quatre à piocher dans le sable pour découvrir le tombeau. Oh, ils ne sont pas seuls, une tripotée de Chinois piochent aussi.

Ils n'ont pas vraiment la même tenue que les Anglais, les manœuvres chinois ne portent qu'un pantalon court mais pour qu'on comprenne bien qu'ils sont Chinois, ils ont le chapeau traditionnel asiatique. C'est que le film est volontiers raciste dans le traitement des Chinois, ni plus ni moins que dans les autres films exotiques de Hollywood de l'époque, de Tarzan à King Kong. Ils ne sont qu'une masse indifférenciée tout juste bonne à marner pour les gentils Anglais.

Le plus raciste de tous est Nayland, véritable fanatique qui veut tuer tous ces affreux asiatiques qui ne comprennent pas la supériorité des européens. C'est d'ailleurs ce qu'il fera avec le laser de Fu Manchu dans une scène délirante où tous les partisans du docteur chinois sont massacrés afin que l'union des peuples d'Asie ne menacent pas la race blanche. Je vous passe les divers réflexions de Nayland sur les coutumes sauvages du pays qu'il vient piller.

Je parlais de laser de Fu Manchu. Le docteur chinois travaille sur deux pôles paradoxaux et cela fournit l'un des intérêts majeurs du film. D'un côté, il cherche pour asseoir son pouvoir le souvenir d'un temps glorieux, de l'autre côté il expérimente les nouvelles technologies, ici un appareil électrique comme on en voit dans pas mal de films de l'époque. C'est toujours joli ces petits bidouillages visuels avec des flashs qui partent dans tous les sens.

Il ne reste que la fille de Fu Manchu à présenter. Fah Lo See est jouée par la vamp Myrna Loy. D'une beauté incroyable, elle est promise à l'un des chefs de clan qui suivent son père. Mais son visage sous l'emprise de folie dénote un caractère sadique. Fu Manchu a fait prisonnier le fade Terrence qu'il décide de torturer au fouet. Fah Lo See se charge de la punition. Deux esclaves noirs frappent l'Anglais jusqu'au sang.

Les yeux de Fah Lo See se remplissent d'une jouissance qu'elle n'avait jamais expérimenté jusqu'à présent. Une telle jouissance qu'elle décide de faire de cet homme musclé son objet. Son père lui inocule, tandis que le prisonnier est attaché à moitié nu (il ne porte qu'un slip) un sérum. Il devra obéir. Mais les volontés du père et de la fille se confrontent, lui veut uniquement que Terrence détruise les Anglais, elle le veut pour elle.

Pour récapituler l'ensemble de The Mask of Fu Manchu, ce film pré-code joue sur à peu près tous les tableaux, des fanatiques racistes et pervers, de la torture, du racisme et une pointe d'érotisme où les deux femmes du film s'opposent en tous points. La banale Sheila, souvent hystérique, une femme enfant et la sensuelle Fah Lo See. Tout cela a dû faire frémir les ligues de vertu, les pudibonds en tout genre mais faire saliver quelques spectateurs.









































 

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