J'enchaîne
immédiatement avec Magnum force que je n'avais jamais vu,
contrairement à L'Inspecteur Harry vu il y a des années et
dont je n'avais que des souvenirs très brumeux. Magnum force
commence avec la fameuse réplique en voix off, histoire que ça soit
fait, ça satisfait les spectateurs qui l'attendaient mais Harry
Callahan (Clint Eastwood) s'est civilisé en deux ans. Il ne rechigne
plus sur son partenaire, Early Smith (Felton Perry), au contraire ils
s'entendent très bien.
Enfin,
on découvre son intimité, on apprend quelques bribes de sa vie
privée. Un appartement modeste au premier étage. Les soirs sont
monotones depuis qu'il n'est plus à la Criminelle. Les repas sont
médiocres, de son frigo il sort un hamburger de la veille et une
bière. Il semble n'avoir rien d'autre. Il vient se reposer sur son
lit, sur la table de chevet trône sa photo de mariage. Tout cela
concourt à le rendre plus humain.
Mais
on découvre aussi sa vie amoureuse. A une jeune voisine du
rez-de-chaussée qui lui demande comment il faut faire pour coucher
avec lui, il répond placidement qu'il suffit de frapper à sa porte.
Sunny (Adele Yoshioka) ira frapper à sa porte et deviendra son
amante. Callahan reçoit aussi les avances de l'épouse d'un de ses
collègues, devenu paranoïaque et suicidaire, il repoussera les
avances mais plus par respect pour le collègue que pour cette mère
de famille de trois enfants.
Le
film ne appesantit pas sur la partie romantique, il trouve de
nouveaux adversaires à Harry Callahan. Le premier est son chef,
irascible et rigide, Briggs (Hal Holbrook) entend faire filer droit
Callahan. Avec son accent pincé, le lieutenant, dans de grands
accents de colère et un regard furibard, fait tout pour que Callahan
ne soit pas sur les affaires qui secouent San Francisco. Pas des
peccadilles, cela intrigue et inquiète Callahan.
Dans
L'Inspecteur Harry, avec son instinct, Callahan avait un coup
d'avance, cette fois, c'est le spectateur qui est mis dans la
confidence. Un petit quarteron de flics, des motards en bel uniforme
moulant (à peu près les mêmes que ceux de la série Chips)
traversent la ville pour rendre justice eux-mêmes. Ça, seul le
spectateur le sait, car ils abattent leurs victimes loin de la ville,
parfois dans des endroits reculés de San Francisco.
Magnum
force commence d'ailleurs ainsi. Un mafieux bardé d'avocats est
acquitté pour vices de forme. Dehors, la foule proteste avec
véhémence, le mafieux et ses avocats sont tout sourires. Ailleurs,
un motard dont on ne devine que le visage revêt son uniforme, monte
sur sa moto et suit la voiture du mafieux. Il l'arrête sous un faux
prétexte, part vérifier le permis de conduire. À son retour, il
tire une balle dans la tête de tous les occupants du véhicule.
Les
crimes continuent avec une grande violence. Des gens riches se
baignant dans leur piscine sont exterminés à la bombe et à la
mitraillette, un proxénète au goût douteux (sin on juge par sa
bagnole clinquante et ses tenues) meurtrier d'une de ses filles est
abattu de plusieurs coups. Callahan va petit à petit comprendre ce
qui se trame. Mais il pense d'abord à son collègue dépressif. Pas
de bol, il est tué par l'un des vilains motards.
La
belle idée du film est de faire de ces motards des sortes de clones,
même carrure, même âge, même voix, ils sont interchangeables. On
reconnaît dans le lot des ces quatre vengeurs casqués David Soul le
futur Hutch de Starsky & Hutch et Robert Urich autre vedette de
la télé américaine. Ils admirent Callahan et pensent rendre la
Justice comme lui le faisait. Mais le film montre désormais un
Callahan différent.
Dans
son récit très bancal, Magnum force décrit un Dirty Harry
qui dispense toujours sa Justice mais sans l'esprit rigide des
motards et de Briggs. Ted Post et Clint Eastwood le font avec une
grande brassée d'humour comme lors de la scène de la prise d'otage
d'un avion par des terroristes. Callahan se déguise en pilote, fait
un arrêt brutal de l'avion et maîtrise les gredins. Lui n'abat plus
les gens, il les empêche de commettre leurs forfaits.
Il
ne reste plus qu'à faire comprendre aux motards qu'il sait qui ils
sont et ce qu'ils ont fait, surtout qu'il va les empêcher d'aller
plus loin. Cela passe par une séquence, celle du concours de tirs
sur cible, Davis (David Soul) l'emporte sur Callahan qui a tiré sur
une cible de flic. Il s'avère qu'il l'a fait volontairement, c'est
une manière pour lui d'avertir symboliquement que Callahan
n'hésitera pas à abattre ces flics pourris.
Davis
et ses acolytes prennent le message en pleine figure. L'avertissement
prend la forme d'une course poursuite dans un entrepôt sur les
docks, deux motards en uniforme et Callahan à pied. En voyant cette
séquence ultime en intérieur, je n'ai pas pu m'empêcher de penser
aux films de Jackie Chan qui se termine en baston finale entre les
méchants, qui finiront éliminés, et le gentil seul, souvent
désarmé, qui triomphe du mal non sans mal.
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