dimanche 3 janvier 2016

Riz amer (Giuseppe De Santis, 1949)

J'ai toujours entendu dire que Riz amer était le plus érotique de tous les films du néo-réalisme italien. Cet érotisme était incarné par Silvana Mangano (son premier film, elle avait 19 ans) qui danse sur une place publique devant les badauds qui attendent le train pour les rizières. Sans pudeur et avec délice, Silvana (également le nom de son personnage) se déhanche au son entraînant d'une chanson populaire que diffuse son transistor.

Silvana détonne au milieu de toutes ces filles qui filent par centaines travailler dans les rizières du nord de l'Italie pendant l'été. Elles viennent de toutes les provinces, elles ont tous les âges, elles ont toutes des corpulences différentes. Elles sont l'Italie de l'après-guerre, pauvre mais qui se reconstruit tant bien que mal. Cette reconstruction passe par l'agriculture dans l'espoir de redevenir autosuffisant et indépendant de l'aide américaine.

Comme dans tout film néo-réaliste, la part documentaire est dédiée au travail. Giuseppe De Santis filme ainsi toutes ce femmes, autant de figurantes qui ne seront pour la plupart pas des personnages, dans des plans très larges, les pieds dans l'eau, le dos courbé et les fesses cambrées, en train de piquer les plants de riz. Manière astucieuse de les filmer en short, en débardeur, bras et jambes nues, dans des lents travellings. Voilà où se cache la sensualité du film.

Au centre du cadre, Silvana passe telle une déesse sur une barque pour donner les plants de riz. Elle domine son monde mais voit dans Francesca (Doris Dowling) une rivale. Embarquée dans le train sans contrat, elle menace l'autorité de Silvana. Cette dernière règle ses comptes face à ces ouvrières clandestines, comme on les nomme, non pas en lui criant dessus, mais avec des chansons entonnées autant pour s'encourager que pour se plaindre. Francesca répondra de la même manière.

La part strictement fictionnelle de Riz amer met en opposition deux hommes. Walter (Vittorio Gassman) le petit ami de Francesca est un voleur. Il a dérobé des bijoux qu'il a confié à Francesca. Marco (Raf Vallone) est un ancien militaire qui s'intéresse à Silvana. Les couples se font et se défont, s'envoient des piques et rêvent d'un avenir meilleur. Pour Silvana comme pour Francesca, il faut choisir entre les deux hommes, entre l'ordre et le désordre, le vice et la vertu, l’infamie et la vertu.
















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