lundi 11 janvier 2016

David Bowie et le cinéma

Les liens entre David Bowie et le cinéma durent depuis 45 ans. Le chanteur britannique, après quelques petits rôles secondaires, a été le premier rôle de L'Homme qui venait d'ailleurs de Nicolas Roeg en 1976. Cheveux roux, regard halluciné, il incarnait un extra-terrestre qui débarquait sur notre planète pour sauver la sienne. Science fiction minimaliste et surréaliste. En 1978, il fait sortir de sa retraite, le temps d'une scène, Marlene Dietrich dans le totalement inconnu Gigolo de David Hemmings (ce sera le dernier rôle de l'actrice). Son grand corps lascif fera merveille dans Les Prédateurs le premier film de Tony Scott en 1981. Puis, ce sont des courtes apparitions dans divers films, pour Jonathan Demme (Série noire pour nuit blanche, 1985), pour Jim Henson (Labyrinthe, 1986), pour Martin Scorsese (La Dernière tentation du Christ, 1988), pour David Lynch (Twin Peaks, Fire walk with me, 1992).

Son véritable coup de maître en tant qu'acteur sera son personnage dans Furyo de Nagisa Oshima en 1983. Le film du cinéaste japonais, également interprété et scénarisé par Takeshi Kitano, se déroule dans un camp de soldats prisonniers des Japonais. Les cheveux teints en blond, il doit affronter un officier japonais incarné par Ryuichi Sakamoto. Leurs rapports prennent un tournant violemment amoureux. On se souviendra du baiser furieux qu'ils échangent comme de ce plan énigmatique où David Bowie est enterré jusqu'à la tête. Dans un tout autre registre, il a fait une très courte apparition dans Zoolander de Ben Stiller (2001), le temps d'une scène devenue culte (le terme n'est pas galvaudé), celle du « défi-défilé » des deux mannequins stupides. Entre ces deux films, il s'est grimé (une habitude chez lui) en Andy Warhol dans Basquiat de Julian Schnabel.

En 1998, Todd Haynes sortait Velvet Goldmine, passionnante relecture de l'aventure glam rock. David Bowie avait été l'inspirateur du scénario, mais il a fait un procès aux producteurs pour toutes les allusions personnelles soient retirées. Les chansons de David Bowie sont présentes dans de nombreux films, souvent pour illustrer des scènes d'envolée lyrique (Bird people de Pascale Ferran), des scènes de grande joie amoureuse (Le Monde de Charlie de Stephen Chbosky), des scènes de winner (Foxcatcher de Bennett Miller, Rush de Ron Howard avec la chanson Fame). Dans le Top 5, on trouve Heroes, A Space Oddity, Life on Mars, Modern Love et Rebel Rebel. Pour un cinéaste, parfois en manque d'inspiration, c'est le moyen rêvé de faire passer son message.

David Bowie a aussi composé la musique de sa comédie musicale Absolute beginners pour le film de Julien Temple en 1986 dans lequel il avait un court rôle. Le film a fait un énorme flop mais la BO s'est vendu comme des petits pains. David Bowie et le cinéma, c'est aussi la chanson d'Isabelle Adjani écrite par Serge Gainsbourg « Beau oui, comme Bowie ». Et il ne faut pas oublier qu'il est le père du cinéaste Duncan Jones, auteur à ce jour de Moon (2009), de Source code (2011) et de Warcraft (2016). David Bowie s'est éteint lundi 11 janvier 2016, il avait 69 ans.
De haut en bas, L'Homme qui venait d'ailleurs, Furyo, La Dernière tentation du Christ, Basquiat et Zoolander.

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