mercredi 13 janvier 2016

Gaz de France (Benoît Forgeard, 2015)

Françaises, Français, mes chers compatriotes. Le Président de la République va causer dans le poste. Ce Président n'est pas le nôtre, mais il partage une caractéristique, celle d'être totalement impopulaire. Il est surnommé Bird, c'est un chanteur (sa photo officielle le montre devant une bibliothèque, un clavier Bontempi sur son bureau) et il est incarné par Philippe Katerine. Son conseiller communication, Michel (Olivier Rabourdin) lui a organisé une émission pour reconquérir le cœur des Français. Avec ses deux assistants, Samira (Alka Balbir), en tailleur gris, et Chris (Antoine Gouy), en t-shirt et écouteurs sur les oreilles, Michel a blindé le panel qui doit poser des questions. Pas de chance pour Bird, il est incapable de répondre à la moindre question.

Une cellule de crise se met en place dans les sous-sols de l'Elysée. Un brain-storming dans un grand salon est improvisé, non pas avec des énarques, mais avec des vrais Français et Françaises. Enfin, des vrais Français, faut le dire vite. La loufoquerie de Gaz de France passe par ces personnages hors des sentiers battus. Une gamine de 10 ans, un poète ringard, un scientifique en fauteuil roulant, un homme nommé Dizier Deschamps (pas Didier, mais Dizier comme Saint-Dizier), une activiste. Le huis-clos se met en place, de plus en plus clos au fur et à mesure qu'ils doivent descendre dans les sous-sols du palais. Après un grand salon, ils passent dans une cave de souvenirs remplie de bibelots et enfin dans un bunker. Ils ont une après-midi pour écrire un discours qui doit être lu le soir-même.

Dans ce bunker, ils sont isolés et le Président Bird ne lit plus du tout le texte écrit par son communiquant. Le film décide d'aller vers la science fiction, ce qui est rare dans le cinéma français. Gaz de France le fait avec des moyens économes. Les décors sont des grands aplats aux couleurs primaires, loin des ors de la République. Et puis, le scientifique met en marche un robot (interprété par le cinéaste lui-même) qui doit trouver une solution, un robot qui va mal fonctionner et vouloir prendre le pouvoir. Le film fait une référence très ouverte à Georges Franju avec des activistes qui prennent en otage Bird. Ces activistes portent des masques d'oiseau. Gaz de France fait penser aux Rencontres d'après minuit de Yann Gonzalez, avec cette manière de perdre une dizaine de personnages dans un lieu incongru.

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