Dans un plan de Au pan coupé, Jean est dessiné par le peintre Francis Savel. Une grande toile blanche, le modèles comme l'artiste sont assis, le peintre tient un fusain et commence le portrait. Quatre ans auparavant, Guy Gilles filmait Francis Savel dans son atelier, le film s'appelle Le Journal d'un combat, il dure 18 minutes, il a été diffusé sur la plate-forme Henri. Alain Delon lit le commentaire de ce journal intime sur des notes de violon et piano.
Le travail se fait sur une grande toile rectangulaire et blanche, Savel est de dos, la caméra prend l'ensemble, un cadre dans le cadre sur lequel il élabore des simples traits au fusain. Plan d'ensemble et gros plans s'entrechoquent pour laisser apparaître ce qui se crée, Alain Delon affirme que ce n'est pas un oiseau mais un arbre, puis un visage s'ajoute, à l'opposé de l'arbre, c'est le visage de Francis Savel. On n'a pas encore vu son vrai visage seulement son reflet sur la toile.
Des animaux viennent rejoindre l'arbre, des têtes de mort, un autre visage. Un coup de chiffon, nerveux, dans de grands gestes et le peintre supprime ce qu'il avait fait la veille. Le tournage dure plusieurs jours. Il s'assoit devant la peinture en cours et Guy Gilles s'amuse à mettre des filtres entre sa caméra et la toile, il envisage en miroir avec les changements de dessin lui aussi une autre manière de voir comment cela pourrait donner.
Puis vient l'achèvement de la toile. Le pinceau vient parfaire les traits puis c'est les tubes de peinture qui apportent enfin de la couleur dans cette ménagerie. Petit commentaire sur le commentaire d'Alain Delon, il est très emphatique, usant de nombreux adjectifs élogieux, il est presque empreint de religiosité. La toile est enfin terminée, elle est déjà d'un autre âge, elle porte la marque d'une peinture typique de l'époque. Il aurait presque fallu de ne pas la voir finie.
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