Zuyderzee, renommé Terre nouvelle, se termine comme commence Misère au Borinage avec les mêmes images d'actualités venues des Etats-Unis sur la spéculation sur les denrées alimentaires, en particulier le blé, qui crée la misère en Europe. Les producteurs américains jetaient et brûlaient leur blé, de trop grosses quantités dit le commentaire. Cette partie finale de Zuyderzee a été ajoutée par Joris Ivens quelques années après, un addendum politique qui se poursuit avec une chanson politique et engagée qui contraste avec les 20 premières minutes du film.
Il faut dire que ce début de film ressemble à un film de commande, presque à de la propagande gouvernementale sur un projet monumental et très cher des Pays-Bas : assécher une partie de la frise orientale du royaume pour en faire des terres arables et fertiles ainsi que des zones d'habitation. Ce sont ces polders créés à la fin des années 1920 pour gagner sur la mer. J'imaginais que ce serait une critique environnemental de ce projet mais pas du tout, Zuyderzee dans sa première partie est au contraire un ode très documentée à l'asséchement du Zuyderzee.
D'abord des cartes, elles expliquent les futurs travaux, l'érection d'une immense digue, l'apport d'argile pris dans la mer et de roches pour les terres et la construction de canaux pour irriguer les prochains champs agricoles. Il se dégage un enthousiasme évident dans les commentaires en voix off. Trop enthousiaste on imagine pour le cinéaste qui entre le début et la fin du tournage s'est construit une conscience politique qui va irriguer (c'est le cas de le dire) son cinéma et sa manière de voir les choses. Le film de propagande devient un film social.
Après la théorie, la pratique. Joris Ivens filme essentiellement les milliers d'ouvriers à l’œuvre. C'est en cela que le film demeure puissamment social, il se concentre sur ceux qui travaillent et non sur les concepteurs, les ingénieurs. Ce qui ressort est un travail de fourmis, les ouvriers travaillent à la main. Ils portent les rocs à bout de bras. La pratique est que ce sont ces hommes, tous anonymes, qui ont fait la digue et les polders. Ce sont ces hommes qui vont souffrir plus tard, une fois la crise arrivée en Hollande, oubliés par l'Histoire sauf dans les films.
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