Le dernier plan de Misère au Borinage cadre sur une photo de Lénine. Lui seul peut sauver les mineurs de Borinage de la misère. Les premières minutes du film montrent comment les capitalistes américains gaspillent leur blé, café et lait pour faire monter les prix des denrées (de ce point de vue rien n'a changé depuis 1934). Entre ces deux moments, pendant une demi-heure, Henri Storck et Joris Ivens vont montrer la vie des mineurs grévistes qui se soulèvent pour protester contre les mesures des propriétaires des mines : augmenter les cadences et diminuer les salaires.
La méthode est simple. Un carton explicatif (le film est muet, pas de commentaire en voix off, pas de musique) suivi d'images illustrant ce que l'on peut lire. Le film suit une logique implacable en commençant avec les manifestations des habitants. Les hommes font le piquet devant les usines, assis ou debout, histoire que personne ne brise la grève, comme les femmes défilent dans les rues avec des pancartes et des banderoles. Les visages sont fermés, en colère, mais résolus à faire changer les choses.
Les deux réalisateurs prennent en exemple des cas particuliers pour montrer la difficulté de vivre. Un jeune fils a pris la relève de son père à la mine et apporte le maigre salaire à sa mère. Un carton détaille tout cela et ce qui va rester après avoir payé le logement et tout le reste. Car les logements sont fournis par les patrons. Avec le chômage qui frappe les mineurs, certains sont expulsés. Ils vident les corons avec leur meubles et matelas. Autre cas d'école, une mère enceinte est obligée de dormir sur un matelas posé devant une porte.
Ce qui fonctionne est la solidarité entre ceux qui ont encore du travail et un logement et ceux qui n'en n'ont plus. Autre cas, une famille très nombreuse avec un grand nombre d'enfants. Comment dormir dans un endroit si restreint. Solution, la table renversée sert se sommier, le matin elle est remise d'aplomb. Mais le danger vient des huissiers qui osent se déguiser en ouvrier pour entrer dans les maisons. Là, autre moment de solidarité, les voisins arrivent et se posent sur les meubles afin qu'ils ne soient pas enlevés par l'huissier et le policier.
C'est la violence des patrons que dénonce Misère au Borinage, leur cupidité et l'injustice qui s'en suit. Le film est émaillé de unes de journaux communistes (Le drapeau rouge, L'Humanité) qui devaient veiller à ce que ce que tout ces événements ne restent pas confiné aux seuls habitants du Borinage. Le film est un beau film de propagande puisque le but est précis et parfaitement emmené. Avant la photo de Lénine, des manifestants portent un portrait de Marx, c'est vraiment le communisme qui aurait pu aider à vaincre la misère.
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