Le gros plan final sur le visage de Michael (Al Pacino), songeur, défait, assis dans sa propriété de Lake Tahoe semblait conclure Le Parrain II. Une conclusion définitive de la saga des Corleone. Paramount a réussi à convaincre d'ajouter un troisième volet en 1990. après tout cela peut sembler logique. Des trois fils de Vito Corleone, Sonny mourait dans le premier, Fredo dans le deuxième et on peut s'attendre à ce que Michael meure à l'issue du troisième. Ce qui arrive, dans un jardin d'une maison sicilienne. Il est seul, sans personne autour ce qui fait écho à la mort de Vito dans son jardin également, au pied de ses plantes de tomates, entourée de l'un de ses petites fils.
A la fin du Parrain III, il ne reste plus que Connie (Talia Shire) la plus jeune sœur de la famille Corleone. On se rappelle que c'est son mariage qui lançait Le Parrain. Francis Ford Coppola ne déroge pas à la règle : son prologue célèbre sa famille. La communion d'Anthony dans Le Parrain II et la remise d'une médaille prestigieuse par le Vatican dans Le Parrain III. Il s'ensuit une fête où s'incruste un personnage inédit, le neveu bâtard, Vincent (Andy Garcia). Il est le fils de Sonny. C'est très commode de faire venir un personnage jusque là inconnu mais dont on comprend immédiatement qu'il tient son caractère de son père : violent et colérique.
Vincent arrive dans la fête sans avoir été invité. Il est bien mal reçu par les molosses qui contrôlent l'entrée. Finalement, il peut rentrer en compagnie de sa mère. Après tout, il est son neveu. Vincent, beau gosse, est en veste de cuir. Il tape dans l’œil de sa jeune cousine Mary (Sofia Coppola), la fille de Michael et Kay (Diane Keaton), divorcés depuis Le Parrain II. Justement, Kay est venue à cette cérémonie, pas franchement ravie d'être là, mais elle a une demande à faire à Michael : laisser Anthony (Franc D'Ambrosio) le fils aîné abandonner ses études de Droit pour devenir chanteur lyrique. Ça servira pour le grand finale du Parrain III.
Mais revenons à Vincent qui montre son culot, signe de sang frais dans la famille Corleone en cette année 1979. Vincent veut faire partie de cette famille qui ne l'a jamais connue. Dans un dialogue qu'il a avec Mary, elle déclare qu'ils ne se sont pas vus depuis leur enfance, elle avait 7 ans, lui 15. Elle a désormais 18 ans. Vincent travaille bien dans la mafia mais ne supporte pas celui qui a repris les affaires des Corleone. C'est Joey Zasa (Joe Mantegna) présent aussi à la fête avec un type à l'air patibulaire. Ils sont des caricatures des mafieux, gueules et voix cassés. Francis Ford Coppola marque là que les clichés sur la mafia ont gagné sur sa vision propre.
Le programme narratif du Parrain III n'est pas neuf, des guerres de clan, encore autour de la vente de drogues. L'un des parrains, le vieux Don Altobello (Eli Wallach) malgré sa vieillesse est vif et manipule en coulisses. Une énième tentative de Michael de faire des affaires légales en prenant possession d'une banque du Vatican. Cette histoire de business n'est pas toujours bien simple, elle fantasme sur la mort de Jean-Paul I (Raf Vallone) – il aurait été assassiné comme toute sa garde rapprochée. Francis Ford Coppola, comme il l'avait fait avec la prise de pouvoir de Fidel Castro dans Le Parrain II, se sert de faits réels pour son scénario.
Comme dans Le Parrain, Michael appelle son neveu pour la photo de famille. L'actuel Don Corleone le voit comme un intrus puis comme son héritier. Il est soutenu par Connie. Elle est le personnage le plus important du film, c'est elle qui tient les ficelles, la maîtresse des marionnettes illustrant le logo de la saga. Je ferai court sur Sofia Coppola et son jeu approximatif mais sa présence d'amoureuse de Vincent succède celle de Bridget Fonda en journaliste qui couche avec l'héritier putatif pour avoir des scoops. La brune au visage mou et la grande blonde sexy s'opposent, c'est finalement pas plus mal que ce cliché-là soit détourné.
Je parlais plus haut du grand finale avec le montage alterné sur l'opéra que chante Anthony mêlé avec la tentative d'assassinat de Michael par un tueur déguisé en curé (Mario Donatone) dans les coulisses de l'opéra et la mort du pape. Tout se passe à Rome, c'est évidemment grandiose, Francis Ford Coppola sait faire. Tout se termine sur des escaliers dans la plus grande tragédie et le cri muet de Michael. C'est très beau. Le film se conclue enfin en 1990, l'année de sortie du film, dans la terre ancestrale avec une question simple : qu'a pu devenir Vincent Corleone, l'héritier ? Aucun film n'a pour l'instant raconté son histoire, sa vie et son destin, qui devrait, comme celui de son père, ses oncles, être tragique.
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