Commençons par le commencement et le film d'adolescence de Joris Ivens, tourné à 13 ans dans la maison familiale avec frères, sœurs, père et mère. Le seul livre qui parle de la vie de Joris Ivens est le catalogue édité par le Centre Georges Pompidou pour une rétrospective en 1979. La biographie du cinéaste est très succincte, elle ne donne que des points factuels mais ce court-métrage de 10 minutes La Flèche ardente en dit un peu plus, il suffit de lire entre les plans de cette histoire d'Indiens du western.
Le livre indique que le père Ivens avait offert une caméra au fiston parce qu'il en vendait. J'imagine que ça ne devait pas arriver dans toutes les familles qu'on laisse un gamin utiliser une caméra, sans vraiment savoir si c'était une rareté. Mais ce que déclare le film est que le western, que les aventures avec des Indiens étaient suffisamment populaires en 1911 que le petit Joris décide de s'approprier le genre. Ce qui est d'autant plus rare dans sa longue filmographie, lui qui se destinera plus tard au documentaire, La Flèche ardente est une de ses rares fictions.
Non pas un, mais deux Indiens. Un méchant et un gentil, le premier Aigle Noir kidnappe une fillette, le deuxième aide les parents européens à la sauver. Je suis à peu près sûr que Joris Ivens incarne ce bon Indien nommé Flèche Ardente. Il est très loin de l'histoire de La Prisonnière du désert mais ce qui ressort est qu'un bon Indien est un Indien obéissant aux Blancs, qui collabore avec eux. Il est facile de penser que la pensée politique de Joris Ivens n'est pas encore développée, cela va sans dire. Cela viendra au court de ses nombreux voyages.
La seule chose étonnante dans son court-métrage est l'apparition de panoramiques pour suivre les personnages qui traversent le cadre. D'autant plus étonnant que c'était très rare à l'époque du muet qu'un cinéaste ose bouger sa caméra. Le petit Joris invente un procédé, probablement jamais vu, pour sa mise en scène. Après son histoire, toute la famille Ivens apparaît avec un effet spécial visuel bien connu cette fois, l'arrivée dans un même plan de chacun. Puis il ne reste que Joris, tout sourire avec ses dents du bonheur, qui salue son spectateur.
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