20 ans après, ça marche toujours pas mal. Même Vin Diesel est bon, il n'a pas encore ce physique de bœuf, ce type épais qui fera son image de marque et qu'il sera dès l'année suivante dans Fast and furious, franchise qui court sur désormais deux décennies, qui l'aurait cru ? David Twohy a été un agréable artisan de cinéma de science fiction, je garde un bon souvenir de The Arrival (avec Charlie Sheen, c'est dire si le cinéaste aime les acteurs monosyllabiques). Certes, les deux hommes ont travaillé ensuite sur d'autres aventures de Riddick, mais c'est comme la gonflette sur le corps de Vin Diesel, c'est pas beau à voir.
Riddick vit dans un futur relativement éloigné et au fin fonds de la galaxie. On est ici dans l'habituel transport intersidéraux où les astronautes sont en létargie avant d'être réveillés par un « événement ». Ici, des impacts d'astéroïdes qui détruisent la carlingue comme des balles de mitrailette. Conséquence, une partie des dormeurs sont tués, une autre partie se réveille. Mais l'astronef est très abimé et doit aller atterrir sur la planète la plus proche. Dans un chaos indescriptible que David Twohy rend palpable en secouant sa caméra dans tous les sens avec une multitude de flashs lumineux, la pilote Carolyn Fry (Radha Mitchell) prend les commandes.
Le concept de la planète est très simple. Première partie du film, jour complet. Deuxième partie, noir absolu. Cette planète est plutôt inhospitalière. Rocailles et désert. Pas grand chose à manger. Quand les rares survivants au crash explorent, ils pensent trouver des arbres, il s'agit des vertèbres d'un animal gigantesque éteint. Elle a trois soleils de différentes couleurs. Ce qui rend bien à l'image, tantôt tout est ocre, tantôt tout est bleu. Au bout de quelques kilomètres parcourus, ils découvrent des tentes, un vaisseau et le reste d'un laboratoire scientifique. Surtout, ils découvrent au fond d'un puits des dizaines de squelettes humains. Et ils se posent cette évidente question : qu'est-ce qu'il y a bien pu se passer ?
Dans toutes les découvertes, une est plus fascinante que les autres. C'est un mobile du système solaire de cette planète vide de tout être vivant. Carolyn Fry la fait tourner car c'est amusant et se rend compte qu'un compteur décompte de 1 à 22. Au dernier chiffre, une éclipse apapraît. Et le croiriez-vous, mais le hasard fait bien les choses, cette éclipse va arriver pile au moment où toute cette petite troupe vient d'atterrir sur cette planète au trois soleils. On a la chance d'avoir quelques effets spéciaux pour l'horizon qui voit une énorme lune avec ses anneaux se placer pile dans l'axe des soleils. La nuit arrive et avec la nuit ce sont des milliers de bébêtes qui viennent peupler la planète et chercher de la chair fraîche.
Le but du jeu de Pitch black est encore plus simple que le concept du film : qui va survivre et qui va périr croqué par les bébêtes ? David Twohy croque à grands traits ses personnages. Les passagers sont variés. Un imam (Keith David) et trois de ses ouailles partis à la Nouvelle Mecque, un Britannique alcoolo (Lewis Fitz-Gerald) qui se présente comme un antiquaire, un jeune adolescent Jack (Rhianna Griffith), Zeke (John Moore) dont on se sait pas vraiment ce qu'il fait là – peu importe, il est le premier à mourir dans d'atroces souffrances – enfin Johns (Colse Hauser), un type pas commode (et pas très bon acteur), il escorte Riddick jusqu'à la prison de haute sécurité qui doit se trouver à l'autre bout de l'univers.
Riddick, comme tous les hommes guidés par leur instinct, a bien compris ce qui se trame. Avant d'aller trucider les bébêtes, il doit se débarrasser de ses chaîne qui le maintiennent inactif. Il doit convaincre Johns (qui n'est pas commode, je le répète) et les autres de le libérer. Certains personnages semblent ne pas encore avoir bien compris que Vin Diesel n'est pas là pour faire du tourisme. Johns fait des manières, gueule à tous les autres ses répliques où il explique que Riddick est dangereux, que sa mission est de le foutre en taule et que, non, il enlèvera pas ses menottes. Pour bien montrer que Johns a tord de s'entêter, David Twohy fait éliminer quelques personnages, Zeke donc puis l'antiquaire et un ou deux missionnaires.
Quand il ne reste plus grand monde, Carolyn s'énerve un peu contre Johns. Il était temps, Riddick va enfin pouvoir se battre contre les bébêtes. Il n'a pas que ses muscles à offrir, Riddick est nyctalope. Tel un félin, ses yeux luisent. Ils voient tous les monstres dans la nuit, monstres qui sont effrayés par la lumière. Et ils grognent, plutôt les bébêtes produisent un sifflement (créé par les studios de Lucas Film). La combinaison est belle, ce son et absence de lumière provoque l'inquiétude donc le suspense. A cela s'ajoutent quelques rebondissements narratifs, des élans formidables de maladresse et des trahisons. Pendant la nuit, on entend crier et les torches et autres objets lumineux permettent d'admirer enfin ces bébêtes qui se font une joie de déchiqueter tout ce qui se trouve sur le chemin. Que demander de mieux ?
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