mardi 2 juillet 2019

Permanent vacation (Jim Jarmusch, 1980)


Dès les premières images de Permanent vacation, Jim Jarmusch propose une vision différente de New York, différente par exemple des films de Woody Allen, de La Fièvre du samedi soir, des Taxi Driver ou des Guerriers de la nuit. L'image est ralenti, les gens dans les avenues marchent lentement mais le son est en vitesse normale, cela crée un premier décalage, une atmosphère ouatée. Face au brouhaha, au pieds sur les trottoirs, aux klaxons des bagnoles et ambulances, il est opposé des rues désertes, des artères sombres et pavées et dans l'une d'elle, un type seul.

Le voilà son héros en vacances permanentes, il s'appelle Allie (Chris Parker), un grand gigue qui semble égaré des fifties, gomina dans les cheveux, pantalon qui laisse apparaître ses chaussettes et chemise négligement déboutonnée. Allie fait un graffiti sur le devanture d'une boutique fermée et continue son chemin. Il vit dans une minuscule piaule dans les quartiers ouest de Manhattan, à l'époque où cette partie de la ville était vétuste. Une jeune femme fume une cigarette les pieds sur le rebord de la fenêtre, on se croirait dans une photo de Nan Goldin.

Je n'avais jamais vu Permanent vacation, mais j'avais vu, il y a bien bien longtemps, ses deux films suivants Stranger than paradise et Down by law. J'ai découvert à l'occasion de la ressortie du film en salles que le film était en couleurs contrairement à ces deux autres films, plus connus et plus abordables. Format carré, 1:37, image granuleuse d'un tournage en 16mm, ça se sent, ça tangue parfois un peu lors des deux ou trois zooms. Le son est rarement direct (un peu de voix off, peu de dialogues) à part dans sa chambre où Allie danse sur un 45 tours jazz en diable de Earl Bostic.

Peu de scénario également, des rencontres essentiellement dans les rues de New York, avec John Lurie qui joue du saxophone, il va au cinéma et discute devant une affiche des Dents du diable (The Savage innocents) avec un Français à la toute fin quand Allie décide d'aller enfin vers une autre vie (déjà le leitmotiv de Jim Jarmusch), comme une renaissance. Allie se balade souvent seul, ainsi dans ces ruines de Roosevelt Island, cet ancien hôpital qui lui rappelle sa solitude profonde, qu'il visite les yeux hagards. Déjà tout Jarmusch en 1980 en 75 minutes.

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